Après sept cent onze jours de captivité entre les mains d’un sous groupe d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), le journaliste Olivier Dubois 48 ans a été libéré. Un mouvement de soutien s’était organisé après son enlèvement autour de Reporters sans frontières, auquel s’était associés l’UCP2F (Union des Clubs de la presse de France et francophones) et, naturellement, le Club de la presse Auvergne avec lequel la Mairie de Clermont-Fd avait fait accrocher le portrait de ce confrère sur la façade de l’Hôtel de ville.

Depuis son installation au Mali, en 2015, Olivier Dubois est collaborateur de Libération, du Point Afrique et de Jeune Afrique. Il avait été enlevé le 8 avril 2021 à Gao, dans le nord-est du Mali. Ce jour-là, Olivier Dubois avait prévu de rencontrer à Gao Abdallah Ag Albakaye, un cadre du GSIM, la branche sahélienne d’Al-Qaida, pour une interview. Accompagné de son fixeur malien, le reporter s’était rendu comme convenu au point de rendez-vous, avant de disparaître à bord d’un pick-up.

Moins d’un mois plus tard, Olivier Dubois était réapparu dans une vidéo de quelques secondes, affirmant face à la caméra de ses ravisseurs être captif du GSIM. Deux autres vidéos suivront, en mars 2022 d’abord, puis une autre, restée secrète, fin 2022. L’organisation djihadiste n’a cependant confirmé publiquement la détention que lors de l’interview à France 24. Olivier Dubois a-t-il été kidnappé par des bandits ou par un lieutenant du GSIM agissant sans l’aval de sa hiérarchie, avant d’être remis aux cadres de l’organisation islamiste ? C’est une des questions auxquelles le journaliste pourra répondre, le temps venu.

Pour l’heure, celui-ci va passer de la solitude du prisonnier, détenu très vraisemblablement dans le désert du nord du Mali, à l’effervescence des retrouvailles parisiennes, en passant par le débriefing des services de renseignement français. Dès l’annonce de sa libération, une grande émotion a traversé les rédactions qui l’emploient. « Quelle formidable nouvelle, qu’est-ce que ça soulage, qu’est-ce que ça fait du bien », souffle Etienne Gernelle, le directeur de l’hebdomadaire Le Point. « Récemment, on a su qu’il y avait un canal de discussions avec les ravisseurs et des preuves de vie. Ça rendait les choses un peu plus encourageantes, mais il fallait rester prudent », dit-il encore. A Libération, « on est au bord du delirium de joie », confie Sonia Delesalle-Stolper, la cheffe du service international du quotidien.

(Illustr. © RSF)