Mat Let (Mathieu Letellier) s’est rendu dans une salle de consommation à moindre risque. Il a pris son crayon, et a dessiné l’instant présent. Son carnet La Salle. Du carnet à la BD aborde une réalité française méconnue, celle des « salles de shoot« , et le fait sans jugement. Au-delà de la qualité artistique, la réflexion est centrale dans cette enquête. Il retranscrit à sa manière ce sujet clivant, tout en permettant aux lecteurs d’ouvrir sa perception sur cette thématique.
Notre jury lui a annoncé la bonne nouvelle, vendredi dernier, à l’hôtel de ville lors de la remise des prix. Il était composé d’Opaline Martraix, Mélanie Cubizolle, Rose Valeri, Flore-Anne Peloquet et Franck Dhumes.
L’interview de Mat Let après sa remise du prix :
« – Comment vous est venu cette passion du dessin ?
Mat Let : – J’ai toujours dessiné dans ma vie. Même si je suis dessinateur professionnel depuis 8 ans. Tout ça a commencé par un carnet de voyage que j’ai fait en Iran, et pour lequel j’avais été sélectionné pour le festival de carnet de voyage de Clermont-Ferrand en 2015. Et à partir de là, je me suis dit que j’avais peut-être quelque chose à faire avec le dessin. Et donc 2 ans plus tard, j’ai abandonné mon ancien métier pour vraiment me mettre au dessin. À la fois des carnets, l’illustration, de la facilitation graphique et la bande dessinée aussi.
– Quelles ont été vos motivations pour consacrer votre ouvrage aux « salles de shoot » ?
– Je travaille beaucoup avec Médecins du monde. Et en tant qu’illustrateur free-lance, je leur fais des illustrations pour des rapports, des supports de communication. Et puis un jour, ils ont lu mon carnet de confinement que j’avais publié en en 2020. Ils ont bien aimé le ton et le dessin sur le vif. Et ils ont eu cette idée de m’envoyer dessiner dans une salle de consommation à moindre risque ; en pensant que le dessin serait une bonne façon à la fois de pouvoir nouer le contact avec les gens et de rendre compte de la vérité de ce lieu d’une manière un peu moins violente pour tout le monde que l’image filmée ou la photo. L’enjeu était de raconter en dessin qui le fréquente et le travail quotidien des équipes.
– Comment avez-vous réagi à la remise de ce prix ?
– J’étais vraiment ravi. C’était inattendu, donc pour moi c’était vraiment super. Je suis content aussi que ce soit le prix de la presse parce que, même si moi je ne suis pas du tout journaliste, j’essaie de faire du reportage. En tout cas, j’essaie d’utiliser le dessin comme un moyen de raconter vraiment des histoires. Et puis ce prix reçu à Clermont-Ferrand au Rendez-vous du Carnet de voyage est important pour moi parce que c’est vraiment là où j’ai eu cette idée de devenir vraiment dessinateur professionnel, il y a 10 ans. Et c’est aussi là où j’ai rencontré énormément de mes nouveaux amis dessinateurs, et où j’ai appris plein de techniques. Pour moi, c’est un lieu extrêmement important dans ma carrière, dans ma vie de dessinateur.
– Je suis ravi aussi qu’on puisse, dans le cadre du festival, amener des histoires comme ça. Des histoires qui sont pas exactement la définition de ce qu’on pourrait s’imaginer quand on pense à « carnet de voyage ». C’est important qu’on puisse s’ouvrir à d’autres formes de voyage, à d’autres formes de découverte, d’échange et de regard sur le monde. »